Extrait
Il y a certainement des menteurs parmi les « témoins ». L'absence totale de truquages bons ou seulement passables montre qu'ils sont très peu nombreux, pas assez pour représenter le «témoignage des bons truqueurs professionnels. L'absence de ces truquages que la statistique nous conduirait à prévoir est aussi inexplicable que l'absence de documents authentiques.
4. Il faut un temps de réflexion pour prendre conscience de ce qu'implique cette double lacune, aussi inexplicable dans un sens que dans l'autre. Pour moi ce temps a duré deux ans, vers 1974-76.
De toute façon, la première question à examiner était de savoir ce que disent ceux qui auraient dû être en position de prendre de tels films ou photos et ne l'ont pas fait. D'avance on pouvait prévoir que leurs explications seraient invraisemblables, puisque l'absence de documents ne peut pas s'expliquer.
Il se trouve (que l'on parcoure les nombreux recueils de témoignages publiés ces dernières années) que les explications, prises séparément, sont au contraire toutes parfaitement vraisemblables et attribuables à la conjugaison de deux ou trois circonstances contraires : le témoin n'avait pas d'appareil sous la main ; il en avait un, mais celui-ci n'était pas chargé ; il était chargé, mais la scène se passait de nuit et il n'avait pas de flash ; le témoin avait tout ce qu'il fallait, mais il est resté stupéfié, ne pensant à rien d'autre qu'à regarder sans en croire ses yeux ; il n'a eu qu'une idée : s'enfuir, tremblant de peur ; il a pris des photos, toutes ratées, la pellicule était surexposée ou sous-exposée, ce que l'affolement explique assez, et l'on ne voyait rien ; le développement de la pellicule s'est trouvé accidentellement destructeur ; l'appareil a été perdu ou volé ; la bande envoyée en développement a été égarée par la poste, etc.
On peut croire à quelques-unes de ces malchances. Il est impossible de croire à toutes (que le lecteur garde toujours présents à sa pensée les résultats des sondages).. Leur monotone répétition est contraire à toutes les lois du hasard alors que, précisément, on n'aperçoit ici aucune autre cause possible que le hasard. Un hasard perpétuellement défavorable ? pendant trente ans, alors que la « scène primordiale“ - les sondages le prouvent - est contemplée en moyenne chaque jour un nombre de fois de l'ordre de la dizaine dans l'ensemble des pays à haute technicité, où les appareils et caméras existent par dizaines de millions ? Allons donc ! C'est impossible. Nous ne sommes plus ici dans le monde incertain du témoignage humain, que la science ne manie qu'avec des pincettes et dans un esprit de conjecture. C'est aux lois des grands nombres que nous avons affaire, celles-là même qui font de la physique la plus fiable des sciences.
Nous sommes affrontés à une alternative totalement inacceptable dans les deux cas.
a) Si ce que racontent ces gens s'est passé comme ils le disent (et, manifestement, comme ils le croient, les enquêteurs le savent bien), alors il devrait exister des dizaines, voire des centaines de milliers de documents authentiques clairs et détaillés.
b) S'ils mentent, pourquoi ceux d'entre eux dont le métier est de faire des truquages (pour le cinéma, les arts, la presse, etc.) racontent-ils comme les autres une histoire fantastique en se bornant à la raconter, souvent tout émus et tremblants, sachant que presque personne ne les croira, alors que rien ne leur serait professionnellement plus facile que de ne raconter aucune histoire et de se borner à montrer des photos, des films, etc. ? Où sont ces milliers de photos et de films truqués (je parle, qu'on ne l'oublie pas, de films et de photos montrant la « scène primordiale »)?
Que l'on ne dise pas : « C'est difficile. » Non. Tout professionnel vous le dira. J'ai travaillé pendant deux dizaines d'années au Service de la Recherche de l'Office de Radio- Télévision Française : ce n'est pas difficile. Le truquage. Sur pellicule ne résiste guère à l'examen, c'est vrai. Mais il est très facile de photographier et filmer réellefnet une scène truquée. Et il est excessivement facile de monter une scène soucoupique. Si aucun « document » ne nous montre cela c'est, selon moi, que les témoins disent vrai, aussi fantastique que cela paraisse. L'étude scientifique des dizaines de milliers de cas enregistrés le confirme par ailleurs. Je ne connais ni n'ai jamais entendu parler d'aucun homme de science qui, ayant étudié directement un nombre raisonnable de témoignages, disons quelques centaines, ait conclu à leur irréalité. On a des sondages effectués chez les savants avant et après étude des dossiers. Avant, la majorité pense comme Bergier qu'« il n'y a rien ». Après, ceux qui admettent les témoignages forment presque 100 % et les quelques-uns qui se réservent n'ont de doutes que sur la nature de ce que ces gens ont vu.
5. On est donc conduit à admettre cette énormité sans précédent que l'observation rapprochée des 0.V.N.I, met en défaut les lois les plus sûres de la science, celles des grands nombres.
Mais comment ? Faisons une fois de plus cette remarque capitale, à mon sens : si l'on choisit, pour tenter de sauver ces lois, de croire que tous les témoins mentent délibérément, on ne sauve rien du tout, puisque cela n'explique pas l'absence de faux documents. Mais, de plus, cette hypothèse ferme la voie à toute possibilité d'explication.
Je ne vois pas comment échapper à ces difficultés inextricables (et, soulignons-le, posées en terme de science, non de spéculation ni de témoignage) autrement qu'en admettant dans la nature même de l'observation rapprochée une composante, disons, irrationnelle. Les témoins ne mentent pas. Mais ils se trompent. Et plus justement (car tout le monde ne peut se tromper toujours), ils sont trompés. Ce qu'ils disent (et croient) avoir fait ou vu, ou les deux, lors de l'observation rapprochée, ne correspond pas à la réalité. Et ici, attention ! Les sondages nous avertissent qu'il faut écarter l'hypothèse d'une erreur pathologique ordinaire : le témoin ne se distingue en rien du commun des mortels du point de vue psychopathologique. Il ne peut s'agir que d'une erreur à laquelle tous les témoins rapprochés seraient induits.
Et cette erreur ne peut pas davantage être une petite erreur, léger glissement d'un souvenir réel à un léger embellissement, Aucun spectacle au monde ne peut, au prix d'un coup de pouce, se transformer en l'histoire que racontent les enfants de Prémanon, ou plus récemment de Maurice Masse, les Hill et les Kelly aux Etats-Unis, que des millions d'autres témoins dans le monde ne racontent qu'à leur ami le plus sur, ou à personne.
6. Quelle est la nature de l'erreur où sont induits presque tous sûrement, et probablement tous les témoins rapprochés?
Pour tenter d'approcher ce problème, il faut enfin s'interroger sur la nature réelle des 0.V.N.I.
On ne peut rendre compte de ce qu'on sait sûrement (observations et enregistrements radar, réception sur les appareils militaires de contre-mesure, traces au sol, effets d'apparence électromagnétique divers, etc.) qu'en attribuant aux 0.V.N.I. les principales caractéristiques d'un engin aérien. Mais aucun engin connu n'est capable des performances observées, et tous les engins « secrets » sont connus. La compétition spatiale des Russes et des Américains a étalé sous le regard du monde la limite de ce dont ils sont capables ; les 0.V.N.I., c'est infiniment différent. Entre la fusée la plus sophistiquée et l'O.V.N.I. tournant à angle aigu à 10 Mach sans faire de bruit, il n'y a rien de commun.
Nous voilà donc rejetés sur ce que l'on a appelé l'Hypothèse Extra -Terrestre, ou HET.
Nombreux sont ceux, même parmi les ufologues, qui rejettent l'HET parce qu'ils s'en font une idée contradictoire. Il est impossible, disent-ils, de voyager d'une étoile à l'autre, et la lenteur du voyage même supposé techniquement maîtrisé est telle que la probabilité pour que la Terre soit visitée par d'autres humanités est à peu près nulle. D'ailleurs, comment un tour de force de toute façon si prodigieux peut-il s'achever sur de furtives apparitions sans prise de contact avec l'humanité terrestre ? Enfin, les manœuvres des O.V.N.I. sont impossibles.
Ces questions et objections sont d'une rigueur sans réplique. Mais cette rigueur logique s'arrête à mi-course. Il ne faut pas la mettre en route pour ensuite refuser de voir où elle nous conduit.
Il est exact que tout ce que nous savons nous montre l'impossibilité du voyage dans l'ordre des distances interstellaires. Qu'est-ce que cela prouve ? Que si malgré tout,…